J70 Plus qu’ (encore) un jour.

Publié le par cheminement-vers-santiago

 

Il peut s’en passer en un jour. Tout peut arriver, comme l’histoire de cette jeune aveugle partie de Ronceveaux qui a dû stopper à 3 jours de Santiago en raison d’une entorse. Je croise donc les doigts pour que la chance qui m’a accompagnée tout au long de ces deux mois et quelques ne me quitte pas dans les derniers kilomètres.

 

Ce matin, je descends prendre mon petit déjeuner dans le salon de thé jouxtant la pension. Je tombe nez à nez avec Daniel, un nîmois. Je le crois arrivé, il me pense derrière. Il a traîné quelques jours en raison d’un genou rebelle, mais il a décidé que ce soir il serait à Santiago.

 

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Comme chaque matin, je m’occupe de mon bien le plus précieux sur le chemin : mes pieds. Je commence par passer une pommade sur les parties qui vont frotter dans la chaussure, puis une poudre entre les doigts de pieds pour éviter l’échauffement, une chaussette de contention, suivi d’une chaussette de randonnée.

 

 

Je pars tranquille comme Baptiste pour les 19 (non, il n’y pas d’erreur de frappe !) kilomètres de la journée. Il pleut, tout le monde est emmailloté dans sa pèlerine, son k-way. Je marche depuis un moment dans la foule. Devant moi, avançant à peu près à ma cadence, deux jeunes demoiselles. L’une d’elle porte une casquette militaire. Elle me rappelle quelqu’un, mais qui ? Au bout d’un moment, l’autre se retourne : Clémence et Lindsay. Clémence, nous avons passé notre première nuit dans le même dortoir à Ostabat en France, Lindsay, la québécoise, je la connais depuis St Jean le vieux. Elles sont aussi heureuses que moi de ces retrouvailles. Nous marchons de concert un moment.

 

Juste avant un pont passant sous une route importante, un garçon est assis, sur une pierre, à fumer. Je reconnais Laurent. Je suis surpris car lui je le pensais vraiment arrivé à Santiago. Et là, ce garçon, limite cas social d’une quarantaine, a un sourire jusqu’aux oreilles. Il nous P1010812.JPGentraine sous le pont en raison du crachin. Fièrement, il déroule sa « Compostella » (document remis à ceux qui apporte la preuve par la crédenciale qu’ils ont fait le Camino). Il est réellement transformé, une superbe dans le regard. Après être resté quelques jours à Santiago, il retourne par le même Chemin en France. Il nous communique sa joie,  son bonheur, sa fierté.  Nous sommes scotchés de percevoir un tel changement. Nous lui souhaitons bonne chance, et qu’une nouvelle vie commence pour lui !!!

 

Plus loin, nous nous arrêtons dans un bar. TelP1010814.JPGlement, je suis content de ce que je viens de vivre, j’offre le petit déjeuner aux deux miss. Nous repartons et je devise, comme jamais je ne l’aurais pensé, avec Clémence. L’amour entre deux êtres, comment doit il se manifester ? Sujet philo du bac ? Non, simplement, c’est venu comme ça et le Chemin fait qu’il n’existe plus de sujets tabous  ou difficile à aborder. Grace à ses deux « gamines », je retrouve le plaisir du chemin, un peu perdu ces derniers jours. Elles marchent plus vite, car elles ont peur de ne pas trouver de place à Pedrouzo. Elles m’embrassent et nous nous quittons. Clémence prend mon adresse mail.

 

J’arrive au col de la journée sans m’en rendre compte tellement. Je rentre dans le premier restaurant car j’ai faim. Mais les tables sont occupées soit par des convives (normal), soit par des sacs à dos (vive les voyages organisés). Je me dirige donc vers l’établissement de l’autre coté de la route. Peu de clients, peu de bruits. Le menu du jour est un peu différent de ce que nous trouvons depuis un mois. Je découvre une bonne cuisine, copieuse, et un vin rouge meilleur qu’à l’accoutumée.

 

Je commence la traversée d’une belle forêt de sapins et d’eucalyptus odorants sous une pluie qui devient crachin, puis disparait. Le soleil vient même mettre un peu de chaleur.

 

Une boutique d’informations et de réservations à la sortie de la forêt m’interpelle. Je demande si on peut effectuer une résa pour Pedrouzo, où je compte m’arrêter. C’est ce que je fais. Bien m’en a pris, car  à mon arrivée dans la bourgade, le panneau « completo » est apposé sur plusieurs albergues, pensions, et hôtels. La chance est vraiment avec moi.

 

Le soir, je sors dîner dans le restaurant conseillé par le patron de la pension. Les conseilleurs ne sont pas les payeurs. L’un de mes plus mauvais dîner. La morue n’est pas cuite et la tarte date d…avant mon départ !

 

P1010808.JPGQuant à mes chaussures, je vous jure, je les ai achetées neuves. Le vendeur va entendre parler du pays !!!

 

Publié dans chemin faisant

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